• Le chien de la maison vide.

    Le chien et de la maison vide

    C’est la fin de l’automne, les jours se raccourcissent et les nuits se refroidissent. Prenez une grande maison vide au beau milieu de la campagne néerlandaise, un chien protecteur, une jeune fille autonome d’une quinzaine d’années et des parents inquiets de laisser leur enfant adorée seule, un week-end entier. Devant l’angoisse apparent de sa fille, le père lui raconte comment il supportait, à son âge, les absences répétées de ses parents : il s’endormait au bord du lit et laissait sa main traîner sur le tapis. Son chien pouvait ainsi y frotter son museau. Ce contact familier le rassurait immédiatement et lui permettait de passer une bonne nuit. La jeune fille regarde son chien de berger et sourit. Rassurée, elle salue ses parents sur le pas de la porte et promet de respecter toutes leurs instructions. Accompagnée de son fidèle compagnon, elle ferme toutes les portes et vérifie les fenêtres. Celle de la cave résiste et refuse de se verrouiller. Après plusieurs tentatives, elle abandonne et décide de fermer cette porte là à clé et de laisser la clé dessus. La jeune fille réchauffe un plat cuisiné par sa mère, nourrit le chien et s’en va terminer son livre bien au chaud dans sa chambre, blottie contre l’animal. La première nuit s’étant passée à merveille, elle ne redoute pas la seconde et se rappelle que ses parents doivent arriver dans la matinée. Elle s’installe dans son lit, tend la main et laisse son chien lui lécher les doigts. Au beau milieu de la nuit, un bruit régulier – Ploc. Ploc. Ploc – et le sentiment d’une présence inhabituelle la réveille. Plongée dans la pénombre, elle essaye de ne pas céder à une panique irraisonnée et avance sa main. Le geste d’affection de son animal la rassure et lui permet de refermer les yeux. Mais le bruit prend plus d’ampleur et l’oblige à se lever. Reconnaissant le son angoissant des gouttes d’eau s’éclatant sur le fond d’une baignoire ou d’un évier, elle se dirige dans sa salle de bain et ressert les robinets. Elle se précipite dans son lit et la main tendue, savoure la sensation apaisante de la langue de son chien sur ses doigts. Le bruit la réveille une seconde fois puis une troisième fois avant qu’elle se décide à retourner dans la salle de bain. Cette fois-ci, épuisée, elle ne se contente pas de tendre la main pour atteindre le robinet mais tire le rideau de douche. Une tâche rouge attire son regard. Surprise, elle relève la tête et découvre le corps éventré et pendu de son chien, la langue pendant mollement et le sang gouttant doucement sur le marbre blanc. Ploc. Ploc. Ploc. Elle hurle et allume l’interrupteur. Quand ses yeux s’habituent à la lumière, elle voit son reflet dans le miroir, barré de lettres de sang : « Il n’y a pas que les chiens qui peuvent te lécher la main, ma belle. »


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